Quai du départ, Brignais 2023

Quai du départ est un festival de livres et films de voyage, assaisonné de conférences, concerts, carnettistes et photographes, organisé par la Librairie Raconte-moi la Terre. Il a migré l’an dernier de Lyon à Brignais. Au programme de cette onzième édition, dix films. J’ai vu trois films pour vous:

Je reviendrai danser dans les dunes, de Christiane Mordelet et Stanzin Dorjai Gya

La Mongolie est coincée entre les chinois et les russes (donc, ne pas trop tarder à y aller). La Mongolie a demandé le soutien de la France, qui se concrétise par des échanges culturels, scolaires et universitaires intenses. Dans ce cadre, Christiane Mordelet, enseignante en physique, a assuré moult voyages de scolaires français en Mongolie, et a lié des liens prévilégiés avec les autochtones. Cette confiance lui a permis de passer deux hivers dans la famille d’une fillette, Ofgo. On suit la vie quotidienne de la famille, la proximité avec les animaux, Ofgo qui apprend l’entretien des troupeaux avec son père et rêve de devenir danseuse. C’est un film bien classique, pas extraordinairement dépaysant si on s’est un peu intéressé à la vie des nomades mongols, mais très agréable. Ofgo est délicieuse, vive, attachante. Dans la discussion, Christiane est nature, intarrissable et drôle. De l’enfant de bonne famille de Brignais que sa famille d’accueil avait emmené, tout naturellement, sans dire où, à plus de cent kilomètres du lieu convenu, en passant par le mode de traitement du caca derrière la yourte, ou les familles mongoles hystériques devant toutes les délicieuses marmottes du plateau d’Emparis, c’est la franche rigolade.

Women don’t cycle, de Manon Brulard


Manon et Dryss(?) ont roulé de Bruxelles à Tokyo en onze mois, en longeant le Danube, en passant par l’Irak, l’Iran, les Stan, la Chine, la Corée du Sud. La Route de la Soie, comme tout le monde, sauf que les pays ne sont pas présentés par ordre géographique, mais au service de la narration: car le fil conducteur est la place du vélo dans la vie des femmes. On apprend l’existence d’une équipe féminine de cyclime en Irak, par exemple. Partout, la bicyclette est associée à la liberté. C’est un film motivant pour remplir ses sacoches. Beaucoup de femmes dans l’assistance ont posé des questions pratiques qui donnaient l’impression qu’elles partaient: éventualité de partir seule, calcul des itinéraires, réparations, hébergement … Note: nos héros ont changé de principe leurs chaines et leurs cassettes tous les 4000 km environ, à l’occasion d’un passage dans une grande ville.

Shambala, de Andrea de Fusco

Quel étrange film, où un garçon resté à Venise reconstitue le voyage d’un ami disparu à partir des visuels qu’il lui a envoyés. Le film est déconcertant, un peu décousu, désincarné ? Jusqu’au moment où on découvre que c’est le choix narratif d’Andréa pour raconter ses deux voyages en Inde et dans l’Himalaya. Motivation? Andréa est parti pour des voyages rêvés, intellectualisés, avec beaucoup et d’attentes esthétiques, relationnelles et spirituelles. Il revient dépité par le décalage avec la réalité: les paysages instagrammables galvaudés, la barrière de la langue, les rencontres manquées: « il n’a pas été l’aventurier qu’il espérait être ». 

Ce point de vue a mis en lumière des aspects de mes voyages qui ne m’arrangent pas: ces moments où je cherche le bon cadrage pour éviter les détritus, les touristes, les « anachronismes ». Quand on semble devenir très amis avec un indigène, mais qu’on sait qu’il faudra vite rompre le charme et demander le prix, sinon l’addition sera salée.

Conférence: Les chemins d’histoires, Sylvain Bazin

Grand coureur, marcheur, photographe, journaliste rédacteur en chef de Wider, Sylvain Bazin a couru tous les chemins de France et de Navarre. Il les aime tous, et l’écouter est très motivant. Vivement ma grande randonnée, de Lyon à Rome, il dit que ce sera génial. Je retiendrai également:

  • Le chemin du nord pour Compostelle
  • Le chemin des pêcheurs au Portugal « les plus belles côtes d’Europe »
  • Et se souvenir que de nombreux chemins s’éloignent dans les quatre directions des villes saintes.

Conférence: voyager autrement, c’est possible, JC Guérin

Jean Christophe Guérin est le fondateur de l’association On the Green Road qui milite pour les déplacements à faible impact écologique et de l’agence FIKA de voyage éco-responsable. Le temps de l’avion est révolu. Les vols représentent 8% des émissions carbone, le carburant va manquer et être alloué en fonction de priorités. L’association a créé une carte pour faire réfléchir autrement. Ne plus choisir sa destination et son temps de séjour en fonction du prix du voyage, biaisé par les aides et les subventions qui soutiennent le transit aérien low-cost.

IL faut apprendre à raisonner en responsabilité carbone – sens et durée du voyage.

Pour un week-end, privilégier les modes doux de proximité.

Pour une semaine, le train de nuit peut être la solution. Pensez à l’application chrono train, qui affiche les destinations possibles en fonction du temps de voyage en train:

Pour un des grands voyages chargés de sens de sa vie, tolérer l’avion, mais pour un séjour de plusieurs semaines. Les Amériques sont les plus problématiques, les alternatives étant les cargos (100 dollars par jour de traversée, soit 2000 dollars), le voilier-stop qui demande beaucoup de patience ou un peu de compétence (bourse des équipiers).

Conclusion

Je prends goût à ces festivals de voyage inspirants, peuplés de gens sympathiques, où on apprend tant de chose.

PARTIR, VOYAGER, VOYAGER

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